jeudi 22 janvier 2009

ECHOS DE LA GREVE DES ENSEIGNANTS DU SECONDAIRE DE COTE D'IVOIRE

Côte d'Ivoire L'école de nouveau dans la tourmente


22/01/09 le Journal de Connection Catégorie : Le Journal de Connection Ivoirienne

L'école de nouveau dans la tourmente

Malgré la tentative de diversion et de déstabilisation de leur mouvement de grève par le ministre Bleu Lainé Gilbert de l'Education nationale qui a fait lire par un communiqué annonçant deux points d'accord avec les syndicats de l'éducation, les dix jours d'arrêt de travail lancés par les personnels des emplois de l'éducation de Côte d'Ivoire ont été largement suivis hier mardi et ce jour mercredi.

Par Koffi Koffi

Dans le communiqué lu par la présentatrice Abiba Dembélé au journal télévisé de 20 heures de lundi, le ministre indiquait notamment être parvenu à un point d'accord avec les syndicats de l'éducation sur l'écart salarial entre les grades A3 et A4 dont réparation a été demandée et sur la date d'effet financier du reclassement catégoriel dans le monde de l'éducation qu'il s'emploierait à obtenir du président de la République. Le même soir dès 21 heures, des SMS ont circulé sur les téléphones portables des militants des différents syndicats pour démentir et démasquer le faux du ministre en ces termes: «Camarade, mots d'ordre bel et bien maintenu. Reste sourd aux manoeuvres de démobilisation et de liquidation de la lutte». Et dès le lendemain mardi (hier) effectivement, l'école ivoirienne est de nouveau entrée dans la tourmente à Abidjan et dans de nombreuses villes de l'intérieur du pays comme Ouellé, Bongouanou, Daoukro, Arrah, Aboisso, Agboville où les classes du secondaire public sont restées fermées. Mais c'est un mouvement diversement interprété qui n'a pas été suivi à Bouaflé, Abengourou, Tiassalé et Issia où nous avons joint des enseignants par téléphone.

Le non suivi de la grève dans certaines villes relève plutôt de dissensions entre les différents syndicats d'enseignants qui essaient de solder de vieux comptes. A Bouaflé par exemple, K.K. B., professeur d'anglais dans l'un des deux établissements publics de la ville, a dit avoir dit aux responsables locaux qu'il serait le dernier enseignant à aller en grève cette fois et il explique: «Nous avons engagé un mouvement de grève pour lequel on nous a coupé trois mois de salaire qui, à ce jour, n'a jamais été reversé. Dernièrement, pour trois jours de grève, le ministre a fait couper 160 000 F sur nos salaires et personne n'a réagi. Il n'y a même pas eu un petit doigt en l'air par solidarité. Abidjan se prend pour le plus instruit. Quand un mouvement vient de l'intérieur et que ce n'est pas son initiative, ils boycottent. Quand ce sont eux qui ont décidé, là, il faut suivre. Non ! ça ne marche pas cette fois-ci ; ils n'ont qu'à faire aussi.», a-t-il terminé.

La dévaluation et le renchérissement du coût de la vie ces dernières années ont profondément érodé le pouvoir d'achat des classes moyennes en Côte d'Ivoire, et les enseignants sont engagés, comme la plupart des autres fonctionnaires du pays, dans une lutte pour la revalorisation des salaires. Mais, si certains corps ont obtenu gain de cause et savent exactement à quelle date la revalorisation salariale consentie par l'Etat ivoirien prendra effet, ce n'est pas le cas des enseignants. Pis, à la dernière nouvelle, le ministre Hubert Oulaye de l'Emploi et de la fonction publique aurait indiqué, lors d'une rencontre samedi, qu'il n'avait rien à donner aux enseignants tant que la Côte d'Ivoire n'était pas élue à l'initiative PPTE (Pays pauvre très endettée), ce que les concernés ont apprécié comme un désintérêt, voire une insulte.

Depuis la rentrée 2008-2009, les enseignants ont menacé d'entrer en grève s'ils ne trouvaient pas de points d'accord satisfaisants avec l'Etat au plus tard fin décembre 2008. Malheureusement, les discussions n'ont pas abouti ou elles ont simplement été remises à plusieurs reprises par le ministre, d'où la mise à exécution de la menace.

Le mouvement qui est prévu pour durer dix jours affecte quelques commerces directement liés au monde de l'éducation, en particulier le transport et les restaurants de fortune destinés aux élèves aux abords des écoles. Quelles réponses l'Etat donnera-t-il aux enseignants qui, cette fois, sont unanimes sur le fonds du problème, en dépit de quelques divergences de forme et de quelques problèmes sentimentaux? Sera-ce la nouvelle trouvaille de ponction prompte sur le salaire ou l'appel à négociation en vue de trouver des solutions durables? Jusqu'où iront les enseignants eux-mêmes, surtout que sur la durée de la grève, deux tendances s'affrontent: une tendance de trois jours et une autre de dix jours?

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